#1 Contamination de l’eau potable par du tritium : Fontaigue démêle le vrai du faux
Ce sera sans doute la polémique de l’été 2019 : des centrales nucléaires auraient rejeté du tritium dans l’eau potable des Français. C’est en tout cas ce qu’a indiqué un rapport de l’Association pour le contrôle de la radioactivité dans l’Ouest (ACRO), qui explique que 6,4 millions de Français dans 268 communes seraient concernés par une contamination radioactive de leur eau potable. Si les préoccupations sont légitimes, quelques rumeurs et fausses informations se sont glissées dans le tourbillon médiatique. Le point avec Fontaigue®.
« 6,4 millions de Français seraient concernés »
Dans le texte publié par l’association, on peut lire que « 6,4 millions de personnes sont alimentées par de l’eau contaminée au tritium selon des données fournies par le ministère de la Santé ». Il n’en fallait pas moins pour susciter l’inquiétude des Français, notamment sur les réseaux sociaux. Pour un élément radioactif rare, le tritium s’est vu propulser sur les devants de la scène médiatique du jour au lendemain.
Il s’agit d’un sous-produit de l’atome d’hydrogène radioactif issu de la production d’énergie nucléaire. Il serait effectivement présent dans l’eau potable, en particulier dans les régions Île-de-France et Loire, mais en très petite quantité, sans dépasser le seuil maximal autorisé par le code de la santé publique. Rappelons qu’en France, ce seuil est 100 fois inférieur à celui fixé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). En détails :
- en France, le seuil du code de la santé publique pour le tritium est de 100 Bq / L (unité de radioactivité en becquerels par litre d’eau) ;
- le seuil de l’OMS est de 10 000 Bq / L.
Une unité becquerel est définie comme l’activité de la matière radioactive dans laquelle un noyau se désintègre par seconde. Selon les autorités des Hauts-de-Seine, les niveaux d’eau dans la région sont régulièrement soumis à des tests de tritium. Les résultats des 10 dernières années se situent entre 0 et 24 Bq / L, ce qui est largement inférieur au seuil français.
Quid du risque radioactif ?
Si les alertes de l’ACRO ont suscité autant d’inquiétudes, c’est que l’Occident affiche quelques antécédents en la matière. En 1963, une concentration record de tritium avait été mesurée dans l’eau de pluie en Europe et en Amérique du Nord, de l’ordre de 470 Bq / L, vraisemblablement à cause des essais nucléaires et des usines de retraitement et de recyclage des combustibles irradiés.
Les rapports sur les niveaux de tritium dans l’eau potable ont été publiés pour la première fois après que l’ACRO a averti que près de 268 communes en France étaient alimentées en eau contaminée au tritium. Bien qu’elle affirme qu’aucun niveau ne dépassait le seuil sanitaire de 100 Bq / L, l’Association tire la sonnette d’alarme sur la tendance haussière de la concentration en tritium dans l’eau potable, avec un pic de 31 Bq / L observé du côté de Châtellerault, dans la Vienne. Par ailleurs, l’ACRO a averti que dans le cas d’accidents de réacteurs nucléaires en Seine, Vienne ou Loire, « beaucoup plus que du tritium » pourrait s’exfiltrer et que « des millions de personnes risqueraient d’être privées d’eau potable ». Et pour ne rien arranger, la Commission de recherche et d’information indépendante sur la radioactivité (Criirad) conteste les seuils appliqués par les autorités sanitaires et « appelle le gouvernement à les réviser drastiquement à la baisse », dans une lettre ouverte publiée le 11 juillet dernier et que vous pouvez consulter ici.